Le pouvoir de l’engagement de Goethe

Le pouvoir de l’engagement de Goethe

Tant que nous ne nous engageons pas, le doute règne, la possibilité de se rétracter demeure et l’inefficacité prévaut toujours.

En ce qui concerne tous les actes d’initiatives et de créativité, il est une vérité élémentaire dont l’ignorance a des incidences innombrables et fait avorter des projets splendides. Dès le moment où on s’engage pleinement, la providence se met également en marche.

Pour nous aider, se mettent en oeuvre toutes sortes de choses qui sinon n’auraient jamais eu lieu. Tout un enchaînement d’évènements, de situation et de décision crée en notre faveur toutes sortes d’incidents imprévus, des rencontres et des aides matérielles que nous n’aurions jamais rêvé de rencontrer sur notre chemin.

Tout ce que tu peux faire ou rêver de faire, tu peux l’entreprendre. L’audace renferme en soi génie, pouvoir et magie.

Débute maintenant.

La construction de sens, désormais sur prescription médicale ?

Le texte suivant écrit en 2003 par Jean Marie Robine est hélas toujours d’actualité ! Soyons unis pour résister à ce risque de médicaliser et légiférer la psychothérapie !

A l’attention du journal “Le Monde”, 15 octobre 2003
Réflexions à propos de l’amendement Accoyer réglementant
l’exercice de la psychothérapie adopté par l’Assemblée Nationale en première lecture.

La construction de sens, désormais sur prescription médicale ?
Jean-Marie ROBINE

L’adoption précipitée par l’Assemblée Nationale d’un amendement permettant à la loi de définir l’exercice de la psychothérapie, si elle devait se trouver confirmée par les deux Chambres selon les procédures habituelles de notre République, pose et résout dans un même acte un problème de fond. Seraient posés, en conséquence de cette loi, de nombreuses questions de territoire, de pouvoir, de défense des corporations, de protection des usagers, de budget de la Sécurité Sociale, de choix de société…, mais, au travers de la réponse qu’apporte cette loi, se trouve surtout redéfini – par élargissement – l’emprise de la médecine dans notre vie sociale.
La souffrance qui s’exprime dans le cabinet du psychothérapeute devient, entre les mains du législateur, un “trouble mental” et acquiert de ce fait un statut de maladie. Les seuls professionnels traditionnellement habilités à affronter la maladie sont les médecins ou leurs délégués, sous leur contrôle. De la souffrance au trouble, du trouble à la maladie, de la maladie au médecin.
Le “trouble mental”, s’il peut et parfois doit être abordé comme “maladie”, fera appel à une expertise en matière de soins et le modèle médical sera non seulement bienvenu mais souhaitable ou nécessaire. Mais toute souffrance n’est pas une maladie. Le Pr. Henri Ey, un des pères de la psychiatrie française, rappelait que “toute subversion, tout malheur, tout drame et tout conflit n’est pas maladie, contrairement à l’opinion systématiquement prêtée à tous les psychiatres et adoptée par trop d’entre eux”.
Faut-il médicaliser le deuil ? Médicaliser les souffrances amoureuses ? Médicaliser l’échec scolaire ? Médicaliser les ruptures et les abandons ? Médicaliser la honte d’être ? Médicaliser les peurs ? Médicaliser les relations parents-enfants ? Par voie de conséquence, la Sécurité Sociale devra-t-elle prendre en charge les ruptures conjugales au même titre que les ruptures d’anévrisme ? Un sujet n’aura-t-il d’autre choix que de médicaliser sa souffrance, de devoir la présenter comme pathologique pour avoir la possibilité et le droit de la proposer à l’écoute transformatrice d’un autre ? Cette écoute devra-t-elle uniquement prendre la forme nomenclaturée d’un traitement de trouble mental pour que puisse se construire un sens qui, peut-être, se dérobait jusque là ? Une immense majorité des psychiatres qui pratiquent la psychothérapie avec des personnes non porteuses de “troubles mentaux” ont d’ailleurs, depuis longtemps, refusé de considérer cet acte comme médical et de faire intervenir la Sécurité Sociale dans leur prise en charge.
Il n’est pas de vie sans souffrance, il n’est pas de vie sans angoisse. Parfois le sujet rencontre les limites de ce qu’il peut faire dans sa solitude pour en construire du sens. Il cherche un autre, et cet autre est parfois le psychothérapeute. Ce dernier ne détient certes pas le monopole de cette fonction et il ne le revendique d’ailleurs pas. Sa formation longue et spécifique, son analyse ou sa thérapie personnelle, sa supervision régulière, son engagement éthique et déontologique ont toutefois pour fonction essentielle de lui permettre de se déprendre de ses propres significations a-prioriques au profit d’une élaboration conjointe qui permette au sujet de s’apparaître dans l’ouvert de la situation de rencontre, de créer un sens à l’occasion de cet autre.
Le modèle du soin médical est un modèle fondé sur l’expertise de l’un au bénéfice de l’autre. Comme l’est inévitablement toute connaissance qui se veut scientifique, la connaissance requise est une connaissance qui aborde son sujet comme un objet. La connaissance de l’Homme y échappe rarement. Les approches psychologiques traditionnelles sont majoritairement inscrites dans ce même lignage et pratiquent sur base de qu’on pourrait appeler “une psychologie-à-une-personne”, celle qui nous est familière depuis des millénaires et qui relève de la même logique que la relation soignant/soigné. Elle a sa validité, elle a fait ses preuves et il ne saurait être question de la disqualifier ou d’en minimiser son intérêt.
Mais les psychothérapies contemporaines s’appuient sur une psychologie-à-deux-personnes, ce qui constitue un changement radical de paradigme, un changement de mode de pensée. Cela prend des formes et des noms différents selon les approches : transfert/contre-transfert, champ, situation, rencontre, Je-Tu, entre-deux…, dans tous les cas, délocalisation de “l’objet” – qui se déplace de l’humain en souffrance à ce qui se passe entre les deux – et donc délocalisation de la compétence requise. La spécificité de ce changement de perspective réside dans le fait qu’il ne s’oppose pas aux modèles à-une-personne mais dans le fait qu’il les inclut en les dépassant. Mais dans une majorité de situations, en particulier celles qui ne sauraient relever d’une désignation en terme de maladie, la mise en œuvre du modèle soignant-soigné va à l’encontre du travail psychothérapeutique.
Un psychothérapeute New-Yorkais, Michael V. Miller, par ailleurs chroniqueur au New-York Times Books Review, proposait récemment, dans un de ses écrits, une lecture de l’évolution des psychothérapies : il faisait remarquer que la psychothérapie contemporaine avait constitué l’essentiel de ses fondements dans les pays de langue allemande au cours de la première moitié du XX° siècle, puis que ce fut le continent américain qui avait ensuite permis l’essor de ces approches, mais qu’aujourd’hui, l’évolution mondiale des psychothérapies se retournait vers la vieille Europe et était surtout redevable aux penseurs et philosophes français comme Levinas, Foucault, Derrida, Deleuze, Lacan… Désolé, chers collègues du monde entier, il vous faudra désormais penser sans nous, car chez nous Socrate est en passe d’être assassiné par Hippocrate.

Jean-Marie ROBINE est psychothérapeute didacticien, psychologue clinicien, en exercice depuis 1967. Il a fondé l’Institut Français de Gestalt-thérapie

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